L’EDITO
Jean-Jacques Colonna d’Istria
Revue de créations des deux rives de la Méditerranée
Vivre et créer en 2050 !
Quelle présomption ! Une gageure ?
Une première remarque sous forme de question : proposer un tel thème… Est-il certain que l’homme soit encore présent sur cette terre en 2050 ?...
Seconde remarque : on affirme ainsi avec une certaine outrecuidance qu’il y sera encore, et peut-être même en situation d’y créer ! Une gageure en effet ! C’est être optimiste ! Et là est peut-être l’A.D.N. de la revue I VAGABONDI !
Oui, soyons positifs…faisons donc le pari que l’homme y foulera encore sa terre nourricière. Dans quel état sera-t-elle cette pauvre terre ? L’homme sera-t-il en mesure d’y faire encore quoi que ce soit ? d’y créer ? Son seul objectif ne sera-t-il pas de survivre dans un monde qu’il a flétri, abimé, détruit ? (Si ce n’est lui, c’était son père, son grand-père, ses ancêtres en un mot, la faute à ceux qui auront passé leur temps à la labourer, à la brûler, à la mutiler, à la salir, à en extraire toutes ses ressources et à la vider de toutes ses richesses…).
Bon, O.K., mais nous, les « vagabondi », que nous sommes, nous, on croit au sursaut, à la paix dans ce monde de fous ! Et, comble de la surprise, nous ne sommes pas les seuls à y croire. Nous envisageons tous le monde de demain comme plus fraternel, encore vivable et plus serein. Si les événements mondiaux, douloureux nous touchent, le contenu de cette sixième livraison, plus que les précédents numéros encore, tentera d’illustrer cette fraternité que nous partageons avec les artistes de notre Méditerranée qui y ont spontanément répondu, et notre espoir.
Ils viennent de Chypre comme la petite Yota Kypra, de Malte, d’Espagne, de Sicile comme Gianluca Sferlazzo, de Paris ou du Maghreb - d’Algérie, du Maroc ou de Tunisie... Ils sont artistes, poètes, écrivains, illustrateurs ou peintres, ils créent des BD…et ils imaginent le monde de la Méditerranée en 2050.
Venez partager les « espaces de créations, espaces de vies et de liberté » de Sophie Demichel-Borghetti ou la fiction exploratoire de Marie Peretti-Ndiaye et Patrick Laffont de Lojo ; Voyagez dans le temps et dans l’espace encore avec Michel Hilaire, en Toscane avec le peintre Louis Gauffier, en Afghanistan avec Colomba Loviconi et « Les cerisiers fleurissent au printemps» ou encore en Egypte pour y retrouver le vieux monde avec Michel Vergé-Franceschi, en Provence avec Olympia Alberti, à moins que vous ne souhaitiez rester en Corse avec « Tomaï et Claudia » de Christophe di Caro ou encore avec la compositrice de musiques de films Angelina Nachon ?
Préférez-vous aller en Espagne, seulement quand il n’y aura plus de guerre dans le monde comme l’espère le chanteur espagnol Amancio Prada ? En Algérie avec Farah Trabelsi ou Leila Sebbar ? Il y a urgence nous dit le docteur François Pernin, tandis que le peintre Jean Nadal nous propose une nouvelle lecture du monde. Sinon, rendez-vous à la Sant’Andria le 30 novembre 2050 avec Lora K et Marc Colonna d’Istria…ou à la Chapelle San Michele de Murato avec le peintre Pierre Barat et l’écrivain Jacques Fusina… ou encore rencontrez « les nouveaux héros en 2050 » de Patricia Pinzuti-Ginz ou « les choses qui bougent » d’Aristide Nerrière, ou encore « les perspectives économiques », de Boris Gesnet, le « Témoignage » de Paula Monestié-Andreani avec la complicité colorée de son papa, le peintre Jean Monestié….
D’autres peintres imaginent encore ce monde incertain, comme le tunisien et ami Brahim Bettaïeb ( Il avait exposé à « la marge » en 1982) Yannick Stara, Sébastien Pignon, André Elbaz (grâce à l ’ami Jean-Jacques Beucler qui le présente), Laurent Silvani, Yassine Mandar, Bernard Filippi, Orso et Toussaint Mufraggi.
Un hommage particulier est rendu à notre ami Mighele Raffaelli dont la maison a été si injustement profanée; des photographes aussi, Antoine Giacomoni ou Didier Ben Loulou qui nous emmène en Israël, si tragiquement éprouvée en ces temps de folies.
Que sera donc 2050 ?
La vision inattendue que celle d’une artiste islandaise, Guôrùn Anna Mattiasdôttir ? Les préoccupations humoristiques et inclusives de JJHugues Rolland ou bien encore celles de nos poètes comme Nitcheva ou Alexis Bottemer…
On y retrouvera aussi, à côté des textes en langue corse de Petru Cuneo-Orlanducci et d’Antone Marielli, les rubriques habituelles : le feuilleton d’Aristide Nerrière ; le fac-similé de lettres d’écrivains célèbres (dans ce numéro, deux lettres d’Albert Camus), l’hommage au donateur François Ollandini et le feuilleton en B.D. de Jean-Luc Casanova…
Ajoutons enfin que ce numéro de la revue I VAGABONDI est tout spécialement dédié au regretté poète et ami Dominique Ottavi qui, hélas, nous a quittés récemment.
Jean-Jacques Colonna d’Istria
Revue de créations des deux rives de la Méditerranée
N°6 hiver 2023/2024